Dans les locaux de l’IRD, les OSC ivoiriennes ont débriefé les sujets de la COP26 à Glasgow, le jeudi 25 novembre 2021.

Rassemblant plus de 200 000 citoyens.ne.s engagé.es et 200 partenaires institutionnels dans 45 pays à travers le monde, la communauté makesense[1] du monde entier a organisé plus d’une centaine d’événements depuis la fin de la COP26 dans le cadre d’une campagne nommée #thedaysafter [2]. Ces événements sont l’occasion d’informer, de sensibiliser et de s’activer en communauté !

Comme nous l’a si bien rappelé Madame Stéphanie DOS SANTOS, la représentante du directeur de l’IRD en Côte d’Ivoire, partenaire de l’événement à Abidjan, dans son discours de bienvenue. « Seul.e.s, nous allons plus vite, ensemble, nous allons plus loin ».

En Côte d’Ivoire, l’équipe de makesense a proposé un atelier visant à informer des principaux résultats de la COP26 et échanger entre représentants d’OSC pour définir des pistes de renforcement des actions dans le but de mieux appréhender les conséquences du changement climatique et y remédier en Côte d’Ivoire.

Rappelons qu’en Côte d’Ivoire, l’enjeu est de taille, le pays fait partie des plus exposés en se classant notamment 136e sur 182 selon l’indice de vulnérabilité pris en compte par l’index de référence ND-GAIN[3]. La Banque Mondiale, dans son rapport de 2018 sur la situation économique en Côte d’Ivoire [4], a largement développé les menaces extrêmement inquiétantes que fait peser le changement climatique sur l’avenir du pays :

  • Hausse du niveau de la mer, et érosion côtière pour un pays où 80 % de l’économie se fait sur la zone littorale et où 30 % de la population réside dans les côtes ;
  • Variabilité accrue des températures et des précipitations perturbant la production agricole dont des millions de personnes sont dépendantes;
  • Insécurité alimentaire, appauvrissement de la population, recrudescence de maladies comme le paludisme ou la méningite, tensions et conflits migratoires liés aux déplacements de population…

La mobilisation d’une trentaine de participants à cet atelier témoigne de la volonté d’agir des OSC ivoiriennes. Parmi les panélistes, nous avions monsieur Alban Kouassi de l’ONG Page verte[5], qui était présent à Glasgow, messieurs Diakalia Ouattara et Souleymane Cissé de la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI)[6], qui ont conduit une COP alternative pour la résilience des populations vulnérables aux effets de l’érosion côtière et de la dégradation des aires protégées en Côte d’Ivoire. Ils ont pu partager leurs expériences avec les OSC présentes.

Ensuite, les participants ont travaillé en collaboration pour trouver des pistes aux problématiques suivantes :

  • Comment contribuer à assurer la mobilisation de la totalité des 100 Mds USD promis par les pays développés envers les pays en développement pour le financement des actions d’atténuation et d’adaptation ?
  • Comment assurer la transparence et le respect des engagements pour le climat et s’assurer de la soutenabilité de l’objectif global de contenir la hausse de la température à 1,5 ou 2 ?
  • Comment sensibiliser et mobiliser des populations face au changement climatique en Côte d’Ivoire ?

À l’issue des travaux, les pistes de solutions suivantes sont ressorties

  • Pour la mobilisation des financements, puisque la promesse des pays développés semble difficile à assumer pleinement, il faudrait se tourner vers la mobilisation de ressources en interne en Côte d’Ivoire, en mettant en place un fonds national pour l’action climatique.
  • En ce qui concerne la transparence et le respect des engagements pour le climat, il a été proposé de mettre en place un mécanisme de suivi et de contrôle indépendant au niveau national qui pourrait s’intégrer dans une démarche de veille internationale. Il conviendrait d’inviter toutes les OSC souhaitant contribuer au suivi des engagements pour le climat à se manifester et être recensées auprès d’une organisation centrale. Celle-ci pourrait incarner le point focal national sur le sujet du changement climatique pour le gouvernement, les bailleurs et autres parties prenantes agissant sur le sujet. L’objectif est en effet de gagner en efficacité en assurant la diffusion de l’information pertinente sur le sujet à toutes les OSC intéressées (documentation, formations, ateliers et événements…) et en favorisant plus de synergie dans les actions. Les OSC pourraient se positionner sur le suivi des engagements climatiques selon leur domaine d’expertise (foresterie, agriculture responsable, secteurs énergie, transport…) et remonter le résultat de leurs observations à l’organisation centrale qui assurerait la communication en externe. L’organisation centrale devrait rejoindre d’autres réseaux internationaux tels que le Climate Action Tracker[7] ou encore Climate Watch[8] afin de capitaliser sur l’expertise de ces organisations et de partager les analyses réalisées en Côte d’Ivoire.
  • Enfin, concernant la sensibilisation et la mobilisation des populations face au changement climatique en Côte d’Ivoire, il a été recommandé que les actions se concentrent dans un premier temps sur la sensibilisation en langues locales dès le bas âge dans les écoles primaires. La sensibilisation pourrait être menée par la recherche de partenaires, la création de collaborations avec les établissements scolaires et les groupes de femmes, relayés des points focaux dans les communautés.

Un après-midi d’atelier riche duquel les participants sont ressortis satisfaits de l’aspect collaboratif de l’atelier et avec l’espoir que les solutions émises puissent voir le jour.

Un grand merci aux OSC présentes, Africa Innovation Network 4 climate and education, Collectif des Leaders pour le Développement durable en Afrique, Club Développement Durable, Club Union Africaine Côte d’Ivoire, ENVI-ECO SARL, Green Student, INADES, Institut de l’Économie Circulaire d’Abidjan (IECA), Jeunes Volontaires pour l’Environnement (JVE), Lead Côte d’Ivoire, Nitidae, ONG Encore, Youth space…

Merci aux journalistes (Ose TV, Records TV) ainsi que les Docteurs et étudiants de l’Université Félix Houphouët Boigny spécialisés sur les enjeux du changement climatique.

Envie d’en savoir plus ou de soutenir ces initiatives, n’hésitez pas à prendre contact avec Bobo Jean-brice Gnahore, Coordinateur Pays de makesense Côte d’Ivoire (brice.gnahore@makesense.org) et Agboola Shakira Keita, Community developer chargée de l’engagement citoyen (shakira.agbola@makesense.org).

Pauline MOCCHI, membre de makesense Côte d’Ivoire, consultante en développement durable.

Sources :
[1] https://makesense.org/notre-vision/
[2] https://thedaysafter.org
[3] https://gain-new.crc.nd.edu/ranking/vulnerability – L’index pays ND-GAIN est développé par l’Université de Notre Dame (Notre Dame Global Adaptation Initiative ; ND-GAIN) – https://gain.nd.edu/about/
[4] Etude Banque Mondiale, Rapport de situation économique en Côte d’Ivoire, Pour que demain ne meurt jamais, La Côte d’Ivoire face au changement climatique, juillet 2018
[5] https://www.ongpageverte.org
[6] http://csci.group/
[7] https://climateactiontracker.org
[8] https://www.climatewatchdata.org//

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